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La reconversion à l’épreuve du réel ?

La reconversion à l’épreuve du réel ?

Si la période Covid a eu des effets éditoriaux conséquents sur la dite « Grande démission », la tendance actuelle serait plutôt celle de la désillusion. Le Monde publie un article sur Les repentis de la reconversion professionnelle avec pour sous-titre : « On s’attend à vivre une autre vie, mais la désillusion est totale » On y apprend que « l’injonction au bonheur pousse de nombreux actifs à plaquer leur travail pour un « job passion ». Mais gare aux déceptions. ».

Pour les professionnels de l’accompagnement des personnes en transition, rien de vraiment nouveau. On ressort une étude de 2022 sur les personnes qui regrettent leur démission. Au fond, cela révèle une donnée factuelle faiblement contestable : si nombre de professionnels aspirent à une autre situation professionnelle, le passage à l’acte est toujours plus complexe.

Les reconversions sont un peu le mythe du moment : on imagine qu’on va pouvoir se réaliser et faire quelque chose qui a du sens pour soi. La puissance publique les valorise également mais dans une logique différente : il s’agit d’impulser des reconversions vers des postes ou métiers en lien avec les besoins de l’économie, pas nécessairement valorisés ou perçus comme attractifs.

Comme en France la reconversion est toujours associée à la formation, on cherche à modéliser des parcours de développement des compétences permettant des itinéraires « sans couture », selon le langage du moment. Or, il ne faut pas être un grand expert pour repérer les paradoxes à l’œuvre. Tout d’abord, n’est-ce pas au fond le travail qui est en question. Sur ce plan, remettre le travail dans une perspective plus historique peut être précieux. Marie-Anne DUJARIER l’interroge avec à propos dans cette vidéo : travailler a-t-il un sens ?

Mais au-delà, il y a d’évidence un mythe de la reconversion qui alimente un imaginaire séduisant mais souvent décalé du réel. L’étude réalisée par France compétences sur les parcours de reconversion est éclairante car elle amène des éléments factuels précieux.

Les constats sont multiples :

  • grande variété des situations de transitions;
  • des éléments déclencheurs et des logiques à l’œuvre très diverses ;
  • visions de l’accompagnement multiples ;
  • des personnes qui « bricolent » aussi avec les ressources accessibles.

Béatrice Delay qui a coordonné l’étude pour France Compétences élargit ces observations à quelques enjeux pour les personnes et précise les impacts sur les questions d’accompagnement. La pluralité des parcours et des aspirations en matière de reconversion, met l’offre d’accompagnement face à de nombreux défis : Installer des formes d’appui suffisamment régulées pour garantir l’équité sociale et une qualité de service homogène ; Tout en aménageant des formes d’appui plastiques, qui n’enferment pas les individus dans des logiques standardisées, procédurales ou prédéterminées, mais les aident, par l’écoute, à construire leur parcours.

Elle poursuit : une telle visée suppose de :

  • partir des situations éminemment singulières et d’emprunter des façons de soutenir flexibles et ajustées ;
  • de provoquer des opportunités d’immersion et d’ériger les expériences fréquentées par les bénéficiaires au rang de matériau de travail pour l’accompagnement.

C’est donc d’inventivité en situation dont il s’agit avec des modèles difficilement duplicables. Cette inventivité s’observe tant dans les agencements réalisés par les personnes que dans l’ingéniosité des professionnels qui les accompagnent. Ce qui suppose une possibilité de réflexivité, de pas de côté, voire de chemins de traverse.

C’est bien tout le sens et l’enjeu du collectif KELVOA : ouvrir des perspectives ; questionner les idées reçues ; expérimenter en situation.

Trois webinaires

En cette fin d’année 2024, nous avons le plaisir de vous proposer 3 rendez-vous de webinaires.

La ludopédagogie dans le processus d’accompagnement

  • Le mardi 12 novembre 2024 de 16 H 30 à 18 H 30.
  • Avec les interventions d’Alixe MOUJEARD, Travailleuse sociale, créatrice de Déclic et de Marie TREMBLAY, Doctorante CIFRE

Le jeu est un objet très intéressant pour le personnel éducatif et pédagogique. Il permettrait d’apprendre, sans s’en rendre compte, et en plus en s’amusant ! Mais qu’en est-il vraiment ? Quels sont les intérêts du jeu et quelles sont les limites du dispositif ludique ? Quels jeux choisir et comment se positionner en tant qu’accompagnant ? Des réponses auxquelles Alix MOUJEARD et Marie TREMBLAY vont tenter de répondre, en s’appuyant notamment sur les données d’une recherche en cours sur l’utilisation de jeux pédagogiques d’éducation à la vie affective et sexuelle. Des données qui ouvrent de très nombreuses perspectives pour les professionnels de l’accompagnement, quel que soit leur cadre d’intervention.

S’inscrire au Webinaire Ludopédagogie


Éthique de l’accompagnement et accompagnement éthique

  • Le mercredi 27 novembre 2024 de 16 H 30 à 18 H 30.
  • avec Dimitri NOËL, Chargé de projet « suivi de la mise en œuvre du CEP », Transitions Pro Grand Est

Le sujet de l’écologie ou de la soutenabilité de l’environnement naturel et social à long terme connait des phénomènes de polarisation des débats. Ces questions de société divisent alors qu’elles relèvent d’une problématique éthique éminemment collective. Cela peut s’expliquer parce qu’elles engagent non seulement nos émotions, mais aussi par « la grandeur excessive de notre pouvoir de faire sur notre pouvoir de prévoir et sur notre pouvoir d’évaluer et de juger » (Jonas,1995). Notre intervention a pour objectif de poser les bases d’une réflexion sur : Comment la prise en compte de ces préoccupations peut-elle se faire dans les pratiques d’accompagnement des professionnels de l’orientation ? Est-ce même possible s’ils doivent respecter un principe de neutralité mais aussi garantir la capacité des individus à décider pour eux-mêmes ? Quelles en seraient les conséquences en termes de postures et d’éthique professionnelle

S’inscrire au Webinaire Éthique 


Entre écologie des sens et résonance : une possible reconnexion ?

  • Mercredi 11 décembre 2024 de 16 H 30 à 18 H 30
  • avec André CHAUVET

Pour les professionnels de l’accompagnement intéressés par la Green Guidance, une des facettes de cette approche s’intéresse aux apports d’Hartmut Rosa avec son concept de résonance, une nouvelle relation au monde comme remède à l’agitation perpétuelle et à la perte de sens. Sur ce thème, les apports de l’anthropologie sont aussi manifestes. Deux auteurs importants, David Abram notamment dans son ouvrage « Comment la terre s’est tue ?, et plus récemment Charles Stépanoff dans « Attachements » questionnent nos liens au-delà de l’humain. Très récemment, la philosophe Corinne Pelluchon publie « l’être et la mer » en développant le concept d’existentialisme écologique.

Au-delà du plaisir de manier des idées, qu’est-ce que cette approche de la reconnexion nous dit de notre rapport à ce qui nous entoure. Et en quoi cela peut inspirer des approches de l’accompagnement soutenables, dans tous les sens du terme ? Pour retrouver une forme de furtivité et échapper au « techno cocon » comme le développe Alain Damasio et l’incarne dans son École des vivants ?

S’inscrire au Webinaire Écologie 


Au plaisir de vous retrouver.

André CHAUVET