Le projet « La forge des compétences » à Bordeaux
Le podcast du webinaire du vendredi 22 octobre « Lieu et lien » :
La question du non recours au droit (et toutes ses variantes sémantiques… invisibles, décrocheurs, non publics) s’invite avec encore plus d’acuité dans cette période où la crise sanitaire a profondément modifié les repères et les usages. Les indicateurs en sont multiples (notamment la difficulté à mobiliser les publics dits invisibles dans des dispositifs pourtant dédiés) et les réponses variées.
En France, en mai 2021, un appel d’offre spécifique a été publié visant à aller vers « les publics hors de tout radar institutionnel, et en particulier ceux qui ne sont pas inscrits auprès du service public de l’emploi, et de renouer le contact grâce à des actions proactives ». Depuis plusieurs années déjà, de multiples démarches ont été initiées visant cet objectif. Très centrées sur le repérage dans un premier temps, elles ont progressivement, et de multiples manières, exploré le travail « hors les murs ». La question n’est bien sûr pas nouvelle et le travail social a depuis de très longues années investi cette question. Mais la création régulière de dispositifs dédiés a progressivement remplacé le contact direct avec les usagers par des processus de médiation ou de prescription. Or, quand on observe et analyse ces différentes modalités, on perçoit assez vite que si le processus intègre trop d’étapes (plusieurs intermédiaires « orientant » le public) la démarche a peu de chance d’être mobilisatrice car perçue comme trop complexe.
Quand on tente de modéliser les pratiques « hors les murs » on repère plusieurs critères en interaction ; le lieu : il peut symboliser une sorte « d’institution » et accroître la distance, l’effort nécessaire pour s’y rendre ; la posture : elle renvoie à la manière d’entrer en contact, d’échanger avec la personne. Elle dit quelque chose de la nature de l’interaction et peut faciliter ou entraver le lien de confiance ; les activités partagées : on peut bien sûr échanger mais on peut aussi avoir une activité commune (marcher, échanger avec du groupe, participer à un jeu…).
Dans ce contexte et sur ce sujet, La Forge des Compétences, sur la métropole Bordelaise, est un projet expérimental à visée d’inclusion sociale et professionnelle très symbolique de la manière d’expérimenter de nouvelles manières d’entrer en contact avec le public. Il vise à essayer et essaimer :
- Une démarche pour aller vers les publics les plus en difficultés.
- Un accompagnement autrement, facilitant l’échange et la coopération.
- La création d’un collectif d’entraide en faveur de l’emploi, co-créé par les participants mettant en œuvre leur pouvoir d’entreprendre.
« Aller vers, pouvoir d’entreprendre, pouvoir d’agir, entraide mutuelle, coopération, reconnaissance du vécu expérientiel en compétences » sont les idées fortes de la démarche afin que chacun ait sa place dans son environnement et puisse conduire son propre projet de vie. Marylène Costa coordonne le projet Forge des Compétences pour le compte du Cabinet Axe-Et-Cible qui porte juridiquement le projet en consortium et réflexion avec AKSIS TB, Mission Locale, Résidence Habitats Jeunes Le Levain, AFEC, ainsi que des structures ressources sur une posture de recherche-action (tous partenaires de longues dates et de diverses expériences éprouvées ensemble). Axe-Et-Cible est un centre de formation qui œuvre pour l’orientation des publics sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine. Ce projet a vu le jour en mars 2021, grâce au concours financier de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’AAP Mobilisation Formation. Avec Sébastien Rousselle et Samir Islam, médiateurs-développeurs, ils ont participé à un webinaire organisé par l’association Kelvoa le 22 octobre 2021 afin de présenter la démarche de manière la plus concrète possible.