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Synthèse des 6èmes rencontres

Conférence :
Approches par les Capabilités et le Développement du Pouvoir d’Agir.
Quelles perspectives ?Jeudi 14 juin 2018 à Paris

Les débats relatifs à la loi Pour la liberté de choisir son avenir professionnel mais plus largement toutes les réflexions menées sur le droit réel et la place des personnes dans la conduite de leur vie ont plus ou moins explicitement fait référence aux notions de pouvoir d’agir voire aux approches par les capabilités. Des projets dans le champ de l’innovation sociale s’en inspirent.

Simple ajustement sémantique pour faire consensus ? Effet de mode ? Ou au contraire, mouvement plus profond qui interroge les conceptions de l’action publique et l’appui à apporter à chacun dans son itinéraire. Et qui questionne nécessairement l’accompagnement tant dans ses finalités que dans ses modalités. C’était tout l’enjeu de cette rencontre que de préciser ces notions et d’en repérer les impacts sur les conceptions et pratiques de l’accompagnement.

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Une présentation en deux temps

Lors de cette rencontre, nous avons cherché à clarifier comment l’approche par les capabilités et les travaux de Yann Le Bossé sur le développement du pouvoir d’agir ont une filiation. Nous l’avons abordé en deux temps :

  1. Une présentation des raisons  de cet intérêt pour l’approche par les capabilités en référence aux travaux d’Amartya SEN en cherchant à en clarifier les éléments structurants mais également les conséquences dans une logique de construction de politiques publiques et d’accompagnement des personnes
  2. Un échange avec Yann Le Bossé de l’Université de Laval (Québec) sur l’approche par le développement du pouvoir d’agir. En l’abordant sous plusieurs angles :
    1. En quoi cette approche se différencie d’autres courants de pratiques ? N’est-ce pas une nouvelle façon de parler de motivation ?
    2. Qu’est ce que cela change en terme de posture professionnelle ? Comment résister à la pression des logiques prescriptives ?

Sur la question des capabilités, un objectif plus général est de remettre les capabilités et le développement du pouvoir d’agir au cœur de l’action publique.

Cela suppose une conception de la personne comme détentrice de ressources qu’il est nécessaire de prendre en compte, de reconnaître et d’identifier avec elle les contextes permettant leur mise en œuvre.

« La possession de droits formels (ressources) n’équivaut …pas à l’exercice effectif de droits réels (capacités). Il convient donc de mettre en place les conditions permettant d’assurer le développement de la liberté réelle des acteurs, leurs capabilités, en même temps que l’efficacité à long terme de l’action sociale. En effet, la participation active des individus est le meilleur garant d’une adhésion non-contrainte, démocratique et durable à des fins (insertion professionnelle/sociale ou autres) qui ne soient pas décidées unilatéralement par le haut. » C’est bien d’intermédiation dont il est ici question.

Un écho au manifeste KELVOA

Ainsi, on y perçoit un écho au manifeste KELVOA sur les finalités de l’accompagnement. On peut en reprendre un extrait qui illustre notre approche.

Permettre à la personne de :

  • exercer la liberté de vivre une vie qui a de la valeur à ses propres yeux
  • connaître et d’accéder aux droits qui sont les siens, mais de les rendre effectifs. Les utiliser dans sa propre situation
  • exercer un pouvoir d’agir à sa mesure et dans sa situation
  • préserver les équilibres auxquels elle tient (écologie personnelle)
  • faire des essais, de s’ouvrir à des possibles, de prendre des risques acceptables et de juger elle-même des bénéfices obtenus ou déséquilibres créés
  • découvrir plusieurs points de vue et de de changer de points de vue si nécessaire pour elle.

Le dialogue autour et avec Yann Le Bossé avait pour thème : Soutenir le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités : rôles, posture, conditions… 

Yann Le Bossé et le pouvoir d’agir

Yann Le Bossé est professeur au département des Fondements et pratiques en éducation de l’université Laval à Québec. Il y dirige le laboratoire de recherche sur le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités. Depuis plus de 20 ans, ses travaux sont consacrés à l’approfondissement de l’ensemble des questions théoriques, empiriques et pratiques autour du développement du pouvoir d’agir. Son approche,  inspire des pratiques d’intervention dans des champs très différents et des lieux et des cultures multiples.

L’importance qu’il accorde aux questions de posture professionnelle (approche coopérative, négociation des expertises) et aux finalités du travail d’accompagnement (aider à reprendre du contrôle sur sa propre vie, s’affranchir des obstacles ici et maintenant) amène chaque professionnel à reconsidérer sa place et son rôle mais également les registres techniques qu’il mobilise au quotidien.

Le développement du pouvoir d’agir, de quoi parle t-on ?

  • Un processus de gain de contrôle sur ce qui est important pour soi, ses proches ou la collectivité à laquelle on s’identifie
  • La possibilité de réguler les évènements de sa vie, d’avoir un impact sur ce qui nous arrive
  • De sortir de l’impuissance et de reprendre sa vie en main, mais pas dans le sens d’un devoir d’agir
  • S’affranchir et non s’adapter (car certains environnements sont pathogènes. On ne peut s’adapter sans s’abimer)
  • S’affranchir, c’est se libérer des liens, c’est franchir les obstacles à sa mesure
  • Faire « Le plus grand pas possible ici et maintenant » : agir c’est commencer
  • C’est aussi lié à ma capacité à composer avec les échecs. Donc à me donner des défis accessibles et mobilisateurs
  • C’est faire l’expérience d’avancer à mon rythme tout en changeant progressivement mon regard sur moi et sur la situation

Synthèse complète

 

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